Bonjour, bonsoir !
Je vous retrouve aujourd'hui pour vous
parler d'un sujet qui sort complètement de ma zone de confort. Je
vous parle de body positive.
- Reprenons depuis le début
J'ai bientôt 24 ans et autant d'années
marquées par des problèmes de poids. J'ai toujours été ronde. De
toute petite. Enfant j'étais toujours la plus ronde, de même lors
de mon adolescence. Mais depuis quelques années le phénomène s'est
accentué.
En effet, j'ai la chance de cumuler les
facteurs favorisant le surpoids.
En premier lieu le facteur familial.
Toutes les femmes de ma famille sont rondes, vraiment toutes. Que ce
soit du côté de ma mère comme de mon père elle sont toutes la
même morphologie : petites (environ 1m 60) à forte poitrine et
toute la panoplie qui vient avec : fesses, hanches, cuisses et
bien sûr ventre. Alors si la génétique ne semble avoir épargné
personne dans ma lignée, je ne vois pas pourquoi elle le ferait pour
moi.
De plus, je viens d'une famille qui
aime manger, pour qui le repas est un moment important car c'est le
moment où on se retrouve et où on partage énormément de choses.
Ainsi, nous aimons beaucoup la bonne bouffe, même si on fait
toujours attention à ce que l'on mange, rapport à nos morphologies.
En bref, la bouffe c'est important.
Ensuite, j'ai déclenché très jeune
une puberté précoce qui s'explique par un dérèglement hormonal.
Et devinez quel est le traitement proposé ? Des hormones, vous
avez gagné !
J'ai changé plusieurs fois de
traitement au cours du temps, et chaque changement s'est accompagné
de la prise de 5 à 10 kilos. Kilos que je n'ai jamais réussi à
perdre par la suite.
Alors comme vous pouvez vous en douter,
depuis toutes ces années j'entends le même discours.
« Vous devez perdre du poids
Mademoiselle. » Injonction gentiement prodiguée par la
société, par les médecins (à l'exception de mon médecin
génraliste qui connaît plusieurs femmes de ma famille et qui a
compris le pourquoi du comment) et de plus en plus par les réseaux
sociaux (merci Instagram!) ; injonction qui fait toujours
plaisir comme vous pouvez vous en douter. Je ne compte plus les fois
où je suis sortie du cabinet d'un médecin avec un goût amer dans
la bouche, l'impression d'être un caca et l'envie de pleurer. Parce
que c'est bien connu les médecins ont un tact de malade.
Alors, si j'ai depuis longtemps compris
que je n'aurai jamais la morphologie de Kate Moss, j'ai de nombreuses
fois songé qu'avoir moins de ventre, moins de fesses, moins de
hanche serait tout de même plus esthétique. J'ai donc fait
plusieurs régimes, entamé des programmes sportifs... Lorsque ça a
marché, ça a été difficile et ça n'a pas duré : dès que
je remangeais normalement, je reprenais les kilos durement perdus.
La société, les médecins, la quête
de la minceur, la comparaison malsaine que je fais à chaque fois que
je rencontre quelqu'un ont fait que j'ai commencé à culpabiliser,
vis à vis de mon propre corps, de ce que je mangeais, de la façon
dont je mangeais. C'est encore le cas aujourd'hui. Dès que je me
fais plaisir en achetant une viennoiserie, un soda ou une barre
chocolatée, je culpabilise, me demandant ce que peuvent bien penser
les gens autour de moi. « Ils doivent se dire que ce n'est pas
étonnant que je sois ronde, je mange … au goûter. Elle, elle peut
se le permettre, elle a un corps de rêve. ». Pourtant j'essaie
de manger le plus équilibré possible, je fais attention à ce que
je mange sans pour autant oublier de me faire plaisir de temps en
temps. Mais cette assiette de frites que j'ai pris à la cantine
parce que c'est jour de frites, je vais la regretter tout le repas et
une bonne partie de l'après-midi.
Bref, je pense que vous avez compris
qu'entre mon corps et moi c'est pas toujours la joie. Il y a des
jours avec et des jours sans. Mais même les jours avec, la
culpabilité est proche, la peur du regard des autres aussi.
- Et il y a quelques jours...
J'ai passé l'après-midi avec une
copine de classe. Autour d'un frozen yogurt (que j'ai pris nature et
que j'ai agrémenté de fraises, franboises, kiwi, ananas et chocolat
fondu. Chocolat qui m'a bien sûr fait culpabiliser) nous avons
discuté de sport, d'alimentation, de corps, … De la vie quoi.
Et puis, alors que je lui racontais que
mon corps et moi on n'est pas toujours copains elle m'a dit quelque
chose. Une toute phrase, quelque chose qui aurait pu passer inaperçu,
que j'aurais certainement pris à la rigolade si je n'avais pas eu
besoin de l'entendre à ce moment-là, une chose à laquelle j'aurais
pu répondre un simple « merci » et que j'aurais pu
oublier deux minutes plus tard. Mais non. Au lieu de ça, j'ai pris
une énorme claque.
« Mais
enfin Caro, t'es magnifique... »
TU. ES. MAGNIFIQUE.
Trois petits mots. Trois petits mots
qui ont mis en perspective toute la façon que j'avais de me voir.
C'est vrai. Elle a raison. Ce n'est pas
parce que je suis ronde que je ne peux pas être belle. Ce n'est pas
parce que je suis ronde que je ne peux pas être bonne, désirable,
que je ne peux pas attirer le regard de quelqu'un, faire envie à
quelqu'un...
- Et maintenant ?
Cela fait maintenant plus de dix jours
que j'ai pris cette énorme claque et je peux déjà vous dire qu'il
n'est pas facile de toujours garder ceci à l'esprit. Cette dernière
année n'a pas été des plus faciles, notamment à cause de mes
études et j'ai laissé ce mal-être prendre de plus en plus de place
dans ma vie : je me compare aux êtres humains qui m'entourent
et la vision que j'ai de moi (qu'elle soit faussée ou non) est
toujours celle de l'éléphant au centre de la pièce. A l'heure où
j'écris ces lignes cela fait trois jours que je suis dans une
période creuse avec mon corps.
Pourtant, les choses avaient commencé
à changer depuis le début de l'été. D'abord je suis partie en
vacances et, contrairement à ce que j'aurais pu penser, je n'ai pas eu peur
de montrer mon corps sur la plage. Ensuite j'essaie d'abandonner mes
produits cosmétiques pour une alternative plus naturelle (je vous en
parlerai dans un autre article si ça vous intéresse) et cela s'est
accompagné de soins de corps que je ne faisais pas auparavant.
Ainsi, je prends doucement l'habitude de nourrir ma peau avec de
l'huile de coco, ce qui me confronte directement à mon corps. Ca a
été pour moi une manière de me redécouvrir : mes jambes, mes
cuisses, mon ventre, mes seins, mes bras... Je prends soin de tout ce
petit monde et ça me fait du bien.
- Qu'est-ce qu'on fait alors ?
Je sais que l'acceptation de soi et
l'amour de soi est un processus long et difficile; il y aura toujours
des hauts et des bas. Je sais également que nous sommes tous humains
et qu'il est pratiquement impossible de s'aimer pleinement. Mais si
nous ne nous aimons pas nous-mêmes, qui le fera à notre place ?
C'est pour cela que j'ai envie d'entamer ce processus, doucement, à
pas de mouche certains jours, à pas de géant le lendemain et
parfois à reculons. Je serai peut-être obligée de mettre en place
des adaptations, mais rien de drastique comme ce que j'ai pu faire
par le passé. A l'heure où je vous parle je pense peut-être à
modifier quelques petites choses dans mon alimentation et à me
remettre doucement au sport, me remuscler. Toutefois si je mets en
place quoi que ce soit je sais que je devrai garder en tête que je
fais ça pour moi, pour me sentir bien et non pour perdre du poids,
pour rentrer dans une norme ou autre objectif malsain.
Je ne sais pas ce que j'arriverai ou
non à faire, à changer mais ce ne serait pas plus mal de pouvoir se
regarder entièrement dans une glace et se trouver jolie sans pointer
derrière tous les défauts que l'on se trouve.
En conclusion, je n'ai qu'une chose à
vous dire : aimez-vous tels que vous êtes, oubliez le regard
des autres car celui qui compte le plus au final c'est le votre. Si
vous ne vous aimez pas vous-mêmes personne ne le fera à votre
place. C'est la leçon que j'essaie de comprendre aujourd'hui.