dimanche 3 septembre 2017

Et si on s'aimait ?

Bonjour, bonsoir !

Je vous retrouve aujourd'hui pour vous parler d'un sujet qui sort complètement de ma zone de confort. Je vous parle de body positive.


  • Reprenons depuis le début

J'ai bientôt 24 ans et autant d'années marquées par des problèmes de poids. J'ai toujours été ronde. De toute petite. Enfant j'étais toujours la plus ronde, de même lors de mon adolescence. Mais depuis quelques années le phénomène s'est accentué.

En effet, j'ai la chance de cumuler les facteurs favorisant le surpoids.
En premier lieu le facteur familial. Toutes les femmes de ma famille sont rondes, vraiment toutes. Que ce soit du côté de ma mère comme de mon père elle sont toutes la même morphologie : petites (environ 1m 60) à forte poitrine et toute la panoplie qui vient avec : fesses, hanches, cuisses et bien sûr ventre. Alors si la génétique ne semble avoir épargné personne dans ma lignée, je ne vois pas pourquoi elle le ferait pour moi.
De plus, je viens d'une famille qui aime manger, pour qui le repas est un moment important car c'est le moment où on se retrouve et où on partage énormément de choses. Ainsi, nous aimons beaucoup la bonne bouffe, même si on fait toujours attention à ce que l'on mange, rapport à nos morphologies. En bref, la bouffe c'est important.

Ensuite, j'ai déclenché très jeune une puberté précoce qui s'explique par un dérèglement hormonal. Et devinez quel est le traitement proposé ? Des hormones, vous avez gagné !
J'ai changé plusieurs fois de traitement au cours du temps, et chaque changement s'est accompagné de la prise de 5 à 10 kilos. Kilos que je n'ai jamais réussi à perdre par la suite.

Alors comme vous pouvez vous en douter, depuis toutes ces années j'entends le même discours.
« Vous devez perdre du poids Mademoiselle. » Injonction gentiement prodiguée par la société, par les médecins (à l'exception de mon médecin génraliste qui connaît plusieurs femmes de ma famille et qui a compris le pourquoi du comment) et de plus en plus par les réseaux sociaux (merci Instagram!) ; injonction qui fait toujours plaisir comme vous pouvez vous en douter. Je ne compte plus les fois où je suis sortie du cabinet d'un médecin avec un goût amer dans la bouche, l'impression d'être un caca et l'envie de pleurer. Parce que c'est bien connu les médecins ont un tact de malade.

Alors, si j'ai depuis longtemps compris que je n'aurai jamais la morphologie de Kate Moss, j'ai de nombreuses fois songé qu'avoir moins de ventre, moins de fesses, moins de hanche serait tout de même plus esthétique. J'ai donc fait plusieurs régimes, entamé des programmes sportifs... Lorsque ça a marché, ça a été difficile et ça n'a pas duré : dès que je remangeais normalement, je reprenais les kilos durement perdus.

La société, les médecins, la quête de la minceur, la comparaison malsaine que je fais à chaque fois que je rencontre quelqu'un ont fait que j'ai commencé à culpabiliser, vis à vis de mon propre corps, de ce que je mangeais, de la façon dont je mangeais. C'est encore le cas aujourd'hui. Dès que je me fais plaisir en achetant une viennoiserie, un soda ou une barre chocolatée, je culpabilise, me demandant ce que peuvent bien penser les gens autour de moi. « Ils doivent se dire que ce n'est pas étonnant que je sois ronde, je mange … au goûter. Elle, elle peut se le permettre, elle a un corps de rêve. ». Pourtant j'essaie de manger le plus équilibré possible, je fais attention à ce que je mange sans pour autant oublier de me faire plaisir de temps en temps. Mais cette assiette de frites que j'ai pris à la cantine parce que c'est jour de frites, je vais la regretter tout le repas et une bonne partie de l'après-midi.

Bref, je pense que vous avez compris qu'entre mon corps et moi c'est pas toujours la joie. Il y a des jours avec et des jours sans. Mais même les jours avec, la culpabilité est proche, la peur du regard des autres aussi.


  • Et il y a quelques jours...

J'ai passé l'après-midi avec une copine de classe. Autour d'un frozen yogurt (que j'ai pris nature et que j'ai agrémenté de fraises, franboises, kiwi, ananas et chocolat fondu. Chocolat qui m'a bien sûr fait culpabiliser) nous avons discuté de sport, d'alimentation, de corps, … De la vie quoi.

Et puis, alors que je lui racontais que mon corps et moi on n'est pas toujours copains elle m'a dit quelque chose. Une toute phrase, quelque chose qui aurait pu passer inaperçu, que j'aurais certainement pris à la rigolade si je n'avais pas eu besoin de l'entendre à ce moment-là, une chose à laquelle j'aurais pu répondre un simple « merci » et que j'aurais pu oublier deux minutes plus tard. Mais non. Au lieu de ça, j'ai pris une énorme claque.

« Mais enfin Caro, t'es magnifique... »

TU. ES. MAGNIFIQUE.
Trois petits mots. Trois petits mots qui ont mis en perspective toute la façon que j'avais de me voir.
C'est vrai. Elle a raison. Ce n'est pas parce que je suis ronde que je ne peux pas être belle. Ce n'est pas parce que je suis ronde que je ne peux pas être bonne, désirable, que je ne peux pas attirer le regard de quelqu'un, faire envie à quelqu'un...


  • Et maintenant ?

Cela fait maintenant plus de dix jours que j'ai pris cette énorme claque et je peux déjà vous dire qu'il n'est pas facile de toujours garder ceci à l'esprit. Cette dernière année n'a pas été des plus faciles, notamment à cause de mes études et j'ai laissé ce mal-être prendre de plus en plus de place dans ma vie : je me compare aux êtres humains qui m'entourent et la vision que j'ai de moi (qu'elle soit faussée ou non) est toujours celle de l'éléphant au centre de la pièce. A l'heure où j'écris ces lignes cela fait trois jours que je suis dans une période creuse avec mon corps.

Pourtant, les choses avaient commencé à changer depuis le début de l'été. D'abord je suis partie en vacances et, contrairement à ce que j'aurais pu penser, je n'ai pas eu peur de montrer mon corps sur la plage. Ensuite j'essaie d'abandonner mes produits cosmétiques pour une alternative plus naturelle (je vous en parlerai dans un autre article si ça vous intéresse) et cela s'est accompagné de soins de corps que je ne faisais pas auparavant. Ainsi, je prends doucement l'habitude de nourrir ma peau avec de l'huile de coco, ce qui me confronte directement à mon corps. Ca a été pour moi une manière de me redécouvrir : mes jambes, mes cuisses, mon ventre, mes seins, mes bras... Je prends soin de tout ce petit monde et ça me fait du bien.


  • Qu'est-ce qu'on fait alors ?

Je sais que l'acceptation de soi et l'amour de soi est un processus long et difficile; il y aura toujours des hauts et des bas. Je sais également que nous sommes tous humains et qu'il est pratiquement impossible de s'aimer pleinement. Mais si nous ne nous aimons pas nous-mêmes, qui le fera à notre place ? C'est pour cela que j'ai envie d'entamer ce processus, doucement, à pas de mouche certains jours, à pas de géant le lendemain et parfois à reculons. Je serai peut-être obligée de mettre en place des adaptations, mais rien de drastique comme ce que j'ai pu faire par le passé. A l'heure où je vous parle je pense peut-être à modifier quelques petites choses dans mon alimentation et à me remettre doucement au sport, me remuscler. Toutefois si je mets en place quoi que ce soit je sais que je devrai garder en tête que je fais ça pour moi, pour me sentir bien et non pour perdre du poids, pour rentrer dans une norme ou autre objectif malsain.

Je ne sais pas ce que j'arriverai ou non à faire, à changer mais ce ne serait pas plus mal de pouvoir se regarder entièrement dans une glace et se trouver jolie sans pointer derrière tous les défauts que l'on se trouve.

En conclusion, je n'ai qu'une chose à vous dire : aimez-vous tels que vous êtes, oubliez le regard des autres car celui qui compte le plus au final c'est le votre. Si vous ne vous aimez pas vous-mêmes personne ne le fera à votre place. C'est la leçon que j'essaie de comprendre aujourd'hui.